Il paraît que la vie vient par vagues, et là, autant dire que c'est la marée basse, lorsque crabes et mouches se précipitent pour cueillir les ruines. Celle qui fait rouiller les croutes. Des cris de muettes font vibrer les parois de mon crâne. Au moins, je ne suis sourde qu'aux insultes inarticulées. Elles m'ont bannie du clan. Je n'existe plus. Qu'en tant que proscrit. Qu'importe alors, j'existe. Et je crache sur ce qu'il ne peut avoir, c'est tellement plus facile de noyer des regrets. Déni poisseux. Dégoût cloisonné par leurs abdications humides. Et les chevaux de bois se sont consumés depuis bien longtemps. D'eux ne reste pas même les cendres de l'essence. Alors même hors de l'eau j'étouffe. Et j'ai brulé tout l'air de ma sphère.

    J'étouffe, je vis dans une bulle qui me noie, j'engloutis tout ce qui a de l'importance dans les entrailles de mon subconscient, je brise mes liens au son des os de ma charpente, j'éradique tous prétextes de lendemain. Pourtant je pleure sur mon sort comme un mendiant d'inimitié, qui gratterait ses bras pour se faire sortir de lui même, qui voudrait voler les cicatrices des autres pour justifier cette souffrance incompréhensible. Qui déchirerait son corps pour ne pas rompre son esprit. Qu'as tu perdu sinon ton temps à regretter l'innocence des jours enf(o)uis, séjours impraticables, impalpables, inertes? Et j'erre à travers les incohérences de mon humeur, sans jamais voir l'autre coté du miroir. On a bien tenté d'apprivoiser narcisse mais c'est lui qu'il regardait au fond d'mes yeux. J'ai gouté les limites de ma folie. On a fait le tour de la question.


    J'étouffe. J'ai besoin d'un ailleurs. Mais on ne va pas bien loin à dos d'espérance et la réalité a tôt fait de bruler les oiseaux de papier. Et j'ai beau crever le ciel, j'ai bien l'impression que j'ai mangé toutes les étoiles. Je cherche encore a fusionner avec mon rêve alors même qu'il s'évapore dans les larmes d'hier, ténu, jusqu'à disparaître. C'est comme un grand soleil, qui absorberait ton monde. J'ai des impressions de vie, mais ce ne sont que des illusions; un cloporte nage dans mes (c)ieux, la neige a des oreilles qui crachent des cierges rouges. Ce cas m'isole. Sordide réalité. Car j'oscille entre deux mondes. Puisque même la folie me refuse la salvation. J'ai fait le tour de ma tete comme on s'assomme aux parois de sa cellule. Et je ne sais plus quel est le juste milieux entre la folie et une épiphanie.


    J'étouffe dans mon propre corps. Dans mon propre esprit. Je suis aux portes du sublime. J'ai avalé la clé. Je me retrouve encore devant une porte fermée. À croire que je redessine sans cesse le schéma de l'abandon et du rejet. Et même si j'en ai conscience, rien ne change. Et quoi que je fasse, impossible de remuer. À ce niveau la c'est même plus de l'apathie c'est du coma. Besoin de changer d'air. Mais je m'enchaine. Par terre. A force d'immobilisme mes pieds ont fusionné avec le sol. Au fond je suis toujours le spectateur du grand fauteuil de marbre, qui regarde défiler sa vie. Danser les ombres. J'en ai suivi des courants d'air qui n'ont menés qu'à des impasses. Mais là, c'est une tempète interne qui vient jusqu'à picorer le visage, qui donne l'impression de tomber à l'intérieur de soi, de s'engouffrer, qui fait oublier son corps jusqu'au vertige, et puis, qui vient liquéfier les entrailles, jusqu'à l'é(cr)boulement des fondations. Et les larmes s'effondrent à la cime de mes chimères.

 

 

 

 



 

 

 


 

Un jour pourtant il faudra bien que j'éventre mon âme si je veux sortir de moi-même.